VISITE DE L’EGLISE SAINT-FRANCOIS

VISITE DE L’EGLISE SAINT-FRANCOIS

Le samedi 18 décembre, les Amis de Vicenza ont organisé un repas suivi de la visite de « l’ Église des Italiens « , à Annecy. Celle-ci a été commentée par Pierre Lanternier, de qui nous reproduisons une partie du propos. Moment convivial et instructif en cette fin d’année 2021. Cette visite était un clin d’œil à nos amis italiens de Vicenza que nous saluons.

Depuis 1923 cette église qui a été celle de la première Visitation placée sous la protection de Saint François de Sales est appelée couramment « église des Italiens ». C’est en 1923 qu’elle a été confiée à la communauté italienne d’Annecy qui cherchait un endroit pour se rassembler.

À l’origine, elle était le premier monastère de l’Ordre de la Visitation, fondé en 1610 à Annecy par Jeanne de Chantal et François de Sales. Cet Ordre était séculier puisque les femmes qui le composaient ne vivaient pas cloîtrées mais pouvaient se mêler aux habitants de la cité. L’Ordre prend rapidement de l’importance, d’où la création de cette église en place de la chapelle initiale pour compléter le lieu où il est né, faubourg de l’Annonciade. Ceci se passe en 1652, sous l’autorité de Charles Auguste de Sales, neveu de François.

François de Sales et Jeanne de Chantal étaient des précurseurs parce qu’ils permettaient aux religieuses de participer à la vie de la cité. Ils ont dû cependant revoir les règles de l’Ordre sous la pression de l’archevêque de Lyon et du pape. Cette église a été aux 17° et 18° siècles l’une des plus fréquentées et des plus riches de Savoie.

En 1792, les troupes révolutionnaires françaises occupent la Savoie. L’église est transformée en casernement pour 200 soldats. Craignant une profanation, les religieuses subtilisent en mars 93 les cercueils de François de Sales et de Jeanne de Chantal pour les mettre à l’abri au château de Duingt. Le coup a été éventé, les cercueils restitués. Une autre opération de sauvetage a eu lieu par la suite. Les corps des deux religieux ont été remplacés par ceux de Clarisses, ceux de Chantal et de François ont passé le temps de la Révolution dans un faux plafond de la maison Amblet.

 

L’église a été transformée en casernement pendant un an. Elle a été dépouillée de son mobilier, de ses objets de valeur. En 1795, un Genevois y installe une fabrique d’indienne, des tissus en coton imprimé. L’époque révolutionnaire a été propice à l’essor industriel d’Annecy. Les églises avaient été vidées et formaient autant de bâtiments disponibles. Le Thiou apportait la force hydraulique. On notera avec amusement l’installation d’une fabrique de vitriol à Bonlieu. Au bout de 20 ans, le Genevois ayant gagné suffisamment d’argent, abandonne son activité. En 1812, l’église est transformée en immeuble locatif. On y installe deux étages d’appartements sous les voûtes. Les murs percés permettaient d’éclairer les intérieurs.

Un centre commercial occupait le rez-de-chaussée. Des boutiques étaient installées dans les chapelles. Le chœur était le dépôt de charbon de la ville d’Annecy. Au-dessus de la porte d’entrée, une inscription : « Salomon, marchand de pain et fabriquant de pâte en gros ».

En 1888, de pieux Annéciens, à la tête desquels un chanoine, fondent une société anonyme pour racheter l’église à ses différents propriétaires. Les dividendes de cette société étaient « payables au ciel. » En 1923 l’église est confiée à la communauté italienne. En 1968, la ville d’Annecy la rachète pour la somme symbolique de 1 franc parce que de nombreux travaux s’imposaient. C’est toujours un padre, cependant, qui y dit la messe en italien.

Paul Rassat     

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